L’histoire de Bordeaux

Des origines de Bordeaux au moyen age On peut dire que les origines de Bordeaux sont liées au commerce, même si le site dévoile des traces d'occupation antérieure. Ses fondateurs, les Bituriges Vivisques, tribu celtique venue du nord de la France, contrôlaient, depuis son port intérieur, le trafic de l'étain amené d'Armorique. Au IIIème siècle avant JC, entre la Méditéranée et les Iles de Cassitérides, Burdigalia (Bordeaux) semble être l'étape de la route. C'est au confluent avec la Garonne et de deux petits ruisseaux, le Peugue et la Devèze, que la remontée de la marée permit d'installer un petit port. En 56 avant JC. la conquête de la région par Crassus, lieutenant de Jules César, entraîna une période de prospérité économique et la naissance d'un urbanisme rationnel. La ville se caractérise par son cardo (actuelle rue Sainte-Catherine et cours de l'Intendance) et son decumanus, on construisit des aqueducs, des temples, un amphithéâtre et une curie. Burdigalia n'est donc qu'un port de petites dimensions. Jusqu'à la fin du Ier siècle avant JC, nous n'avons qu'une modeste ville marchande. C'est au IIème que nous parlons de civitas de droit latin. En 276, la ville est pillée par une horde de vandales et s'enferme dans l'enceinte rétrécie de ses murs. Mais elle continue à briller pendant plus d'un siècle, illustrée par ses poètes chrétiens (Ausone 309-394) et ses saints (saint Paulin de Nôle 353-431). Le port se verra protéger par un castrum vers 278 (selon le tracé actuel des cours d'Alsace-Lorraine, de la rue des Remparts et des cours du Chapeau Rouge et de l'Intendance). Ausone (310-394), grand propriétaire terrien, professeur à l'université, préfet des gaules et consul, mais aussi poète nous a laissé à travers ses écrits des témoignages précieux de la vie à Bordeaux à cette époque. Il nous décrit la douceur de vivre durant la Pax Romana. Les plus beaux vestiges du développement économique et politique à l'époque romaine sont sans aucun doute les restes monumentaux conservés et la grande étendue de la cité. Une extension se développe hors murs (suburbium) autour des monastères et des églises. Un des plus grands changements sera la disparition du port intérieure, l'activité commerciale se fera dorénavant à l'extérieur des murs. Burdigalia gardera son importance de par son rôle politique et ecclésiastique. La paix fut interrompue par les invasions barbares successives. Les Vanadales en 409, les Wisigoths en 414, les Francs en 498, et les Normands au X ème siècle. Le VIIème siècle marque un temps fort dans l'organisation paroissiale de Bordeaux avec la fondation des églises Saint-Rémy, Saint-Pierre et Saint-Siméon; néanmoins, la ville fut saccagée par les Vikings en 848.

La tutelle anglaise à Bordeaux

Après 1154 (année de l'accession au trône d'Angleterre d'Henry II Plantagenêt, époux d'Aliénor d'Aquitaine) Bordeaux connut la prospérité grâce à son union avec l'Angleterre. L'expansion de la ville nécessita l'édification de nouvelles enceintes: en 1227 au sud, pour protéger les quartiers neufs (rue Neuve, la Rousselle etc.); en 1327, pour intégrer les nouveaux faubourgs (Sainte-Croix, Sainte-Eulalie, Saint-Michel). Les paroisses de Saint-Michel et de Saint-Pierre se peuplèrent alors d'artisans (forgerons, charpentiers ou fustiers) laissant leur nom aux rues des Faures et de la Fusterie. Ce fut le premier âge d'or, celui du vin que les bourgeois vendaient aux Anglais en même temps qu'ils se faisaient octroyer par le pouvoir — lointain — des rois-ducs des libertés communales (dont la Grosse Cloche, «beffroi» de l'hôtel de ville, est encore l'emblème). Toutefois la tutelle de la royauté anglaise reste légère car en définitive le souverain est peu présent. Ainsi la jurade de la ville peut-elle garder les privilèges qui lui ont été accordés par Henri III en 1254. Au XIIIème la cathédrale Saint-André est édifiée et son archevêque Bertrand de Got devient pape sous le nom de Clément V, en 1305. La cité médiévale connaît son apogée sous le règne du Prince Noir, Edouard de Woodstock. Son père le roi Edouard III d'Angleterre lui donne la Guyenne en propre. De 1362 à 1372 Bordeaux devient brièvement capitale d'un État indépendant. Mais la pression fiscale imposée aux seigneurs gascons est si forte que le Prince Noir doit bientôt renoncer à son projet d'ériger la Guyenne en Etat autonome. En outre, les assauts répétés de Charles V et de son connétable Du Guesclin réduisent les possessions anglaises à une étroite bande de terres de Bordeaux à Bayonne.

La guerre de cents ans

En 1453, fin de la guerre de cent ans (bataille de Castillon), après la conquête française, Bordeaux connut des heures difficiles; le retour à la France fut peu apprécié par la bourgeoisie bordelaise et les Bordelais se rebellèrent: contre les entraves apportées au commerce et la lourdeur des impôts. Aussi, pour anéantir toute velléité de révolte contre la monarchie, Charles VIII, qui se méfiait des sentiments anglophiles de la bourgeoisie locale, décida en 1495 de faire de Bordeaux une ville royale et d'y faire édifier deux forteresses : le fort du Hâ pour défendre la ville des attaques venant du sud et de l'ouest, et le château Trompette qui la protégéeait du côté du fleuve. L'urbanisation s'accélèra cependant, après les vicissitudes du haut Moyen Âge: en 1450, la ville comptait plus de 30 000 habitants sur une surface de 170 ha avec enceinte. L'installation du Parlement dans les murs du palais de l'Ombrière, ancienne résidence des ducs d'Aquitaine, fit du quartier Saint-Pierre le lieu de résidence des parlementaires et de la Cour: les noms des rues Mérignac, Métivier ou du Mulet perpétuent l'existence de ces illustres familles; c'est alors aussi qu'on érigea l'arc de triomphe de la porte Cailhau, à la gloire de Charles VIII. De 1581 à 1585, Michel de Montaigne fut le maire de Bordeaux; son mandat ne fut marqué par aucune construction d'édifice public, mais la ville demeura intacte, car Montaigne s'efforça d'en éloigner les combats des guerres de Religion et de succession à la couronne de France. Mais pendant les luttes de la Fronde entre la noblesse française et le roi, les bourgeois de Bordeaux forment la conjuration de l'Ormée. Ce n'est qu'en 1653, quand le jeune Louis XIV fait son entrée dans la ville soumise par les armes, que Bordeaux accepte enfin d'être partie du royaume de France.

La renaissance à Bordeaux

Si, sur le plan artistique, la Renaissance, qui ne laissa son empreinte que sur la cathédrale, ne s'exprima dans aucun ensemble de grande envergure, de profondes mutations du tissu urbain intervinrent par contre aux XVIIIe et XIXe siècles à la faveur de l'expansion commerciale, du commerce avec les Antilles et de la traite des esclaves : appuyée sur la croissance portuaire et une poussée démographique importante (plus de 70 000 habitants vers la fin du XVIIIe siècle), Bordeaux subit alors une transformation radicale par la construction de la façade des quais et l'aménagement des grands cours. Le XVIIe siècle vit l'assèchement des marais aux Chartrons, mais la période la plus originale s'étend du début du XVIIIe siècle au milieu du XIXe. Grâce au commerce avec les Antilles, Bordeaux devint avant 1789, le premier port du royaume. Sous l'impulsion des grands intendants (Boucher, Tourny, Dupré de Saint-Maur), la ville se dota d'un nouveau visage avec la création de la place royale (place de la Bourse) qui coupa en son milieu la cité médiévale. De même, l'aménagement d'un tour de ville sur les anciens fossés du jardin public en 1746, des allées de Tourny en 1749, suivi une trentaine d'années plus tard par les réalisations de Victor Louis, achevèrent de donner à Bordeaux la physionomie de ville classique qu'on lui connaît aujourd'hui. Bordeaux est frappé par la Révolution et par l'Empire, qui empêchent le commerce atlantique. Elle songe un moment à se révolter à l'appel des députés girondins, mais le conventionnel Tallien y fait régner la terreur. Quand s'effondre l'empire napoléonien, Bordeaux est la première ville à accueillir les princes de la maison de Bourbon. En l'honneur de la ville fidèle, le fils du duc de Berry, comte de Chambord, reçoit le titre de duc de Bordeaux.

Bordeaux s'ouvre au monde

Ce n'est qu'à partir de 1840 que le négoce bordelais s'ouvre de nouveaux horizons sénégalais avec le négoce de l'arachide. Bordeaux redevient alors un grand port colonial et la tête de lignes de messageries vers l'Amérique du Sud et Centrale. A la fin du siècle la ville s'industrialise avec des entreprises chimiques, métallurgiques, alimentaires et les huileries. Au même moment le phylloxéra touche le vignoble. Pendant la première guerre mondiale Bordeaux connaît une certaine prospérité avec les usines d'armement et devient à partir de 1917 un des points de passage de l'armée américaine. Elle est aussi à cet instant la ville de l'Action Française et de des ligues qui rendent le climat politique agité. La deuxième guerre mondiale marque une nouvelle période de troubles pour Bordeaux. Des déportations eurent lieu et les responsabilités sont encore mal définies. Adrien Marquet, le maire de la ville est condamné par la haute cour à l'indignité nationale. Des personnages comme le préfet Papon restent obscurs. La ville trouva, au lendemain des conflits, un salut en Jacques Chaban-Delmas général de la résistance, devenu maire de la ville en 1947. Il mit en place une politique culturelle avec l'organisation de plusieurs festivals, une politique d'urbanisation pour l'extension de la ville. En parallèle une nouvelle industrialisation débuta dans les années 70 avec l'aérospatiale et l'usine Ford, alors que le négoce s'écroulait. Progressivement avec la crise économique et la montée du chômage, la gestion de la ville par l'équipe de Chaban-Delmas fut critiquée et il doit céder la place à Alain Juppé en Juin 1995. Pour conclure on dira que Bordeaux a longtemps eu la réputation d'une ville bourgeoise, ou l'oligarchie provinciale règne. Elle est actuellement une grande ville universitaire, au patrimoine architectural important, qui se tourne de plus en plus sur le tourisme forte de ses atouts gastronomiques et d'un environnement naturel exceptionnel.
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